lundi 17 septembre 2012

Mortirolo-Gavia



Ce vendredi matin, le soleil est au rendez-vous. Merveilleux, le rêve devient réalité !

Il faut être un peu fou pour vouloir enchaîner successivement le même  jour deux cols mythiques qui ont écrit  les plus belles pages du Giro.  Mais, comme disait Erasme, qui n’est pas fou est un monstre ! Et puis ceux qui me connaissent savent que je suis un peu fou!

Le parcours programmé (110 km) réunit en fait deux parcours locaux en aller-retour  depuis Bormio avec des noms évocateurs des difficultés à affronter : le premier, la Montée du Pirate (allusion à Pantani qui forgea ici sa victoire au Giro), conduit au Passo  di Foppa (alias Mortirolo) et le second, la Salita Epica (ascension épique), rejoint le Gavia.
Mon parcours suivra le premier en aller et le second en retour afin de constituer une boucle pour me ramener à Bormio. Pour pousser ma folie jusqu’au bout, ce choix m’obligera à emprunter les ascensions par les côtés les plus difficiles des deux cols.

A 10h, je quitte Bormio par l’ancienne nationale SS38 qui descend la vallée encaissée de l’Adda jusque Mazzo di Valtellina d’où démarre l’ascension du Mortirolo.



La descente  environ 25 km est magique et serpente entre les montagnes environnantes dont certaines encore enneigées. Les petits villages ont chacun leurs caractéristiques malgré que les points communs qui les rassemblent.


Grosello

Grosiello
























Je traverse Mazzo (alt.500), et entame la montée du Mortirolo en prenant le tournant 32 annonçant de cette manière que je devrais passer 32 lacets avant le sommet. Dès le début, on peut déjà se représenter la difficulté : on attaque déjà, sur une route à peine plus large qu’un ravel, l’ascension  avec une déclivité de 12% qui ne me quitteront que rarement. 

Mazzo vu du Mortirolo
Les trois premiers tournants sont assez rapprochés laissant présager que la montée ne sera pas trop longue mais il faut bien vite déchanter. On passe facilement d’écart de 200 m à des écarts oscillants entre 500 et 1000 m. De  temps en temps, une suite de plusieurs tournants successifs et rapprochés est annoncée mais on se rend compte très vite que cela se limite à maximum 3.
Dans la première partie (environ 3 km), on traverse des petits bourgs avec église ou château puis on entre carrément dans une partie boisée qui de temps en temps nous laisse entrevoir la vallée en contre-bas.

Castello di Cà

A certains moments, mon 34x27 me semble un peu court mais en réduisant la cadence, j’arrive à me traîner sur la route. Au détour d’un tournant, la stèle à la mémoire de Pantani (le Pirate) me donne un second souffle mais la comparaison s’arrête là.

Stèle de Pantani
Je continue et après plus de deux heures, j’atteins le sommet avec soulagement mais content de mon ‘exploit’. Il y a quand même 1400 m de dénivelé.
Je profite du magnifique paysage pour fixer mes souvenirs dans quelques prises de vues et un cyclo finlandais de passage dans l’autre sens a aimablement accepté de tirer la photo souvenir. Encore une fois, on se rend compte que le vélo est un vrai moyen de lien et que sur un vélo on parle surtout avec les jambes et le coeur.  

Malgré tout: un sourire
La descente me conduit à l’entrée d’Edolo où je prends la direction de Ponte di Legno situé au pied de deux cols : le Passo Tonale qui continue la route vers Trento et le passo Gavia qui me ramènera à Bormio. Le tronçon est suffisamment vallonné et justifie l’utilisation du 34.

Autant s’économiser le plus possible pour s’attaquer au Gavia ( avec ses 2652m c’est le second col routier le plus élevé d’Italie après le Stelvio juste en face de l’autre côté de Bormio).

Ponte di Legno et son château
Le début du col est assez facile mais je sais que je dois passer de 700 m à 2650 m sur +/- 25 km donc ce départ facile  me laisse présager que l’ascension ne sera pas de tout repos et effectivement après le passage du premier village (ce sera aussi le dernier) la route se dresse devant moi et les pourcentages montent avec frénésie avec des maximas allant jusque 16% et plus régulièrement des passages à 14% variant de 300 à 1000m. De quoi sortir ses tripes pour enrouler les braquets : je mesure là-bas que je devrais bientôt passer d’un 12x27  à un 13x29 voire même mettre peut-être un 32 devant.

Blague d'un petit comique!


Mais les choses étant ce qu’elles sont, je suis bien obligé de continuer ainsi. Dire que je n’ai pas eu des difficultés serait prétentieux mais avec un peu de calcul et de calme, j’arrive à avancer tout en conservant des réserves. Je me féliciterai de ma prudence à 4km du sommet où le vent s’étant levé avec force m’oblige presque à me mettre dans le rouge pour pouvoir avancer : mon compteur enregistre une vitesse oscillant entre 3 et 5 km/km soit la vitesse d’un marcheur mais mes pulsations reste autour de 125.

Petit lac, début du tronçon où j'ai peiné!
Après 2h45’, j’arrive enfin en haut où, en plus du vent soutenu, la température tourne autour des 10° réels mais certainement nettement inférieure en température ressentie. Il faut dire que la nuit de mercredi à jeudi, il avait neigé à plus de 2000m.
Là, malgré mon maillot courte manche, maillot longue manche le coupe-vent, l’imper (manquait juste la windtex) et ma paire de gants d’hiver, je suis véritablement transi et c’est avec précipitation que je prends quelques photos.

Sommet du Gavia

Sommets enneigés du Gavia

Lac de Valfurva au sommet

















Un rien plus loin sur le tronçon plat qui suit le sommet, j’aurais pu encore en prendre mais je n’ai pas voulu courir de risques et j’entame la descente les mains sur les cocottes de frein.

La descente sinue dans les bois et l’ombre de la journée a empêché le réchauffement de ce versant.

Je tremble de froid à un point tel que j’ai l’impression que mon vélo guidonne de l’avant.

Enfin pratiquement au pied de la descente, terminus et rentrée au bercail! Il est 17h45!  

Inutile de dire que pour cette fois, chose rare dans ma ‘carrière’  de cyclotouriste, j’étais fourbu, fatigué et tout content et heureux de rentrer à bon port.
Mais finalement quelle  journée merveilleuse! Et la satisfaction d’avoir réalisé un rêve me fait vite oublier la fatigue.

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