Ce vendredi matin, le soleil
est au rendez-vous. Merveilleux, le rêve devient réalité !
Il faut être un peu fou pour
vouloir enchaîner successivement le même
jour deux cols mythiques qui ont écrit
les plus belles pages du Giro.
Mais, comme disait Erasme, qui n’est pas fou est un monstre ! Et
puis ceux qui me connaissent savent que je suis un peu fou!
Le parcours programmé (110 km)
réunit en fait deux parcours locaux en aller-retour depuis Bormio avec des noms évocateurs des
difficultés à affronter : le premier, la Montée du Pirate (allusion à
Pantani qui forgea ici sa victoire au Giro), conduit au Passo di Foppa (alias Mortirolo) et le second, la Salita Epica (ascension épique), rejoint le Gavia.
Mon parcours suivra le premier
en aller et le second en retour afin de constituer une boucle pour me ramener à
Bormio. Pour pousser ma folie jusqu’au bout, ce choix m’obligera à emprunter les
ascensions par les côtés les plus difficiles des deux cols.
A 10h, je quitte Bormio par
l’ancienne nationale SS38 qui descend la vallée encaissée de l’Adda jusque
Mazzo di Valtellina d’où démarre l’ascension du Mortirolo.
La descente environ 25 km est magique et serpente entre
les montagnes environnantes dont certaines encore enneigées. Les petits
villages ont chacun leurs caractéristiques malgré que les points communs qui
les rassemblent.
Grosello |
Grosiello |
Je traverse Mazzo (alt.500), et entame la montée du Mortirolo en prenant le tournant 32 annonçant de cette manière que je devrais passer 32 lacets avant le sommet. Dès le début, on peut déjà se représenter la difficulté : on attaque déjà, sur une route à peine plus large qu’un ravel, l’ascension avec une déclivité de 12% qui ne me quitteront que rarement.
Mazzo vu du Mortirolo |
Les trois premiers tournants
sont assez rapprochés laissant présager que la montée ne sera pas trop longue
mais il faut bien vite déchanter. On passe facilement d’écart de 200 m à des
écarts oscillants entre 500 et 1000 m. De
temps en temps, une suite de plusieurs tournants successifs et
rapprochés est annoncée mais on se rend compte très vite que cela se limite à
maximum 3.
Dans la première partie
(environ 3 km), on traverse des petits bourgs avec église ou château puis on
entre carrément dans une partie boisée qui de temps en temps nous laisse
entrevoir la vallée en contre-bas.
Castello di Cà |
A certains moments, mon 34x27
me semble un peu court mais en réduisant la cadence, j’arrive à me traîner sur
la route. Au détour d’un tournant, la stèle à la mémoire de Pantani (le Pirate)
me donne un second souffle mais la comparaison s’arrête là.
Stèle de Pantani |
Je continue et après plus de
deux heures, j’atteins le sommet avec soulagement mais content de mon
‘exploit’. Il y a quand même 1400 m de dénivelé.
Je profite du magnifique
paysage pour fixer mes souvenirs dans quelques prises de vues et un cyclo
finlandais de passage dans l’autre sens a aimablement accepté de tirer la photo
souvenir. Encore une fois, on se rend compte que le vélo est un vrai moyen de
lien et que sur un vélo on parle surtout avec les jambes et le coeur.
Malgré tout: un sourire |
La descente me conduit à
l’entrée d’Edolo où je prends la direction de Ponte di Legno situé au pied de
deux cols : le Passo Tonale qui continue la route vers Trento et le passo
Gavia qui me ramènera à Bormio. Le tronçon est suffisamment vallonné et
justifie l’utilisation du 34.
Autant s’économiser le plus
possible pour s’attaquer au Gavia ( avec ses 2652m c’est le second col
routier le plus élevé d’Italie après le Stelvio juste en face de l’autre côté
de Bormio).
Ponte di Legno et son château |
Le début du col est assez
facile mais je sais que je dois passer de 700 m à 2650 m sur +/- 25 km donc ce
départ facile me laisse présager que
l’ascension ne sera pas de tout repos et effectivement après le passage du
premier village (ce sera aussi le dernier) la route se dresse devant moi et les
pourcentages montent avec frénésie avec des maximas allant jusque 16% et plus
régulièrement des passages à 14% variant de 300 à 1000m. De quoi sortir ses
tripes pour enrouler les braquets : je mesure là-bas que je devrais
bientôt passer d’un 12x27 à un 13x29
voire même mettre peut-être un 32 devant.
Mais les choses étant ce qu’elles sont, je suis bien obligé de continuer ainsi. Dire que je n’ai pas eu des difficultés serait prétentieux mais avec un peu de calcul et de calme, j’arrive à avancer tout en conservant des réserves. Je me féliciterai de ma prudence à 4km du sommet où le vent s’étant levé avec force m’oblige presque à me mettre dans le rouge pour pouvoir avancer : mon compteur enregistre une vitesse oscillant entre 3 et 5 km/km soit la vitesse d’un marcheur mais mes pulsations reste autour de 125.
Blague d'un petit comique! |
Mais les choses étant ce qu’elles sont, je suis bien obligé de continuer ainsi. Dire que je n’ai pas eu des difficultés serait prétentieux mais avec un peu de calcul et de calme, j’arrive à avancer tout en conservant des réserves. Je me féliciterai de ma prudence à 4km du sommet où le vent s’étant levé avec force m’oblige presque à me mettre dans le rouge pour pouvoir avancer : mon compteur enregistre une vitesse oscillant entre 3 et 5 km/km soit la vitesse d’un marcheur mais mes pulsations reste autour de 125.
Petit lac, début du tronçon où j'ai peiné! |
Après 2h45’, j’arrive enfin en
haut où, en plus du vent soutenu, la température tourne autour des 10° réels
mais certainement nettement inférieure en température ressentie. Il faut dire
que la nuit de mercredi à jeudi, il avait neigé à plus de 2000m.
Là, malgré mon maillot courte
manche, maillot longue manche le coupe-vent, l’imper (manquait juste la
windtex) et ma paire de gants d’hiver, je suis véritablement transi et c’est
avec précipitation que je prends quelques photos.
Un rien plus loin sur le tronçon plat qui suit le sommet, j’aurais pu encore en prendre mais je n’ai pas voulu courir de risques et j’entame la descente les mains sur les cocottes de frein.
Sommet du Gavia |
Sommets enneigés du Gavia |
Lac de Valfurva au sommet |
Un rien plus loin sur le tronçon plat qui suit le sommet, j’aurais pu encore en prendre mais je n’ai pas voulu courir de risques et j’entame la descente les mains sur les cocottes de frein.
La descente sinue dans les bois
et l’ombre de la journée a empêché le réchauffement de ce versant.
Je tremble de froid à un point
tel que j’ai l’impression que mon vélo guidonne de l’avant.
Enfin pratiquement au pied de
la descente, terminus et rentrée au bercail! Il est 17h45!
Inutile de dire que pour cette
fois, chose rare dans ma ‘carrière’ de
cyclotouriste, j’étais fourbu, fatigué et tout content et heureux de rentrer à
bon port.
Mais finalement quelle journée merveilleuse! Et la satisfaction
d’avoir réalisé un rêve me fait vite oublier la fatigue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire